Il y a quelques jours, j’ai regardé la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris. Emerveillé par de nombreux aspects, j’ai moins aimé tel ou tel autre passage. J’ai noté que les tout derniers mots de la cérémonie furent « Dieu réunit tous ceux qui s’aiment » et que le tout début était une référence amusée au Christ en clin-d’œil (Jamel s’écriant « Zizou-Christ » devant Zidane). Cette inclusion m’a agréablement surpris de la part de la France laïcarde. Le fabuleux passage de la cérémonie sur le chantier de Notre-Dame de Paris a achevé ma surprise. Dieu est bien là, me suis-je dit.
Et puis il y eu la polémique. Venue des réseaux dits « sociaux » et des médias. La Cène de Léonard de Vinci aurait été détournée dans un passage de la cérémonie… et cela serait une offense au Christ et aux 2 milliards et demi de Chrétiens du monde.
1ère réaction : surprise. Je n’avais pas vu ce passage ainsi. 2e réaction : vérification. Je retrouve le passage, j’écoute les commentaires : on parle de Dionysos, en aucun cas du Christ ni de la Cène. 3e réaction : recherches. De mes études de grec me reviennent en mémoire de nombreux banquets délurés et excessifs mettant en scène Dionysos… qui ressemblent au passage en question. 4e réaction : recherche de l’avis du metteur en scène et des comédiens. Résultat : ils disent s’être inspirés du « Festin des Dieux » un tableau de van Bijlert exposé à Dijon. Une tempête dans un verre d’eau, me dis-je.
Et pourtant ! Dès le lendemain, sans être passée par les étapes 2, 3, ni 4 ci-dessus, la conférence des évêques de France s’est indignée, puis un nombre incalculable de catholiques, ordonnés ou non, allant jusqu’à organiser des prières de réparation. Puis l’indignation s’est emparée de tout ce que la célébration semblait montrer de déviant aux personnes certaines d’être elles-mêmes dans le droit chemin… sans plus évoquer un seul instant ce qu’elle avait de génial et de grandiose.
Il me semble qu’on a l’indignation un peu rapide, parfois. Ce n’est que mon avis et s’il vous indigne, je vous en demande bien pardon.
Vincent Lafargue
Paru dans le journal « Echo Magazine » n°33-2024
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