
Messieurs et… Filles ???
Les mots ont un sens. Leur utilisation n’est pas innocente.
A l’occasion de la coupe d’Europe de football féminin, on remarque que l’égalité est loin – mais alors très loin – d’être acquise dans le sport. Est-elle vraiment souhaitable, d’ailleurs, dans un domaine où par définition les corps ne sont pas égaux ? C’est un autre débat.
Ce qui m’occupe ici, c’est le langage des journalistes, des commentateurs et des spectateurs, des tables de bistrot aux tribunes de stades. Un langage dont je m’étonne qu’il n’ait pas encore été pointé par les féministes de plus en plus promptes à dégainer sur tout ce qui leur semble un peu trop viril.
Car, quand on parle des équipes masculines, on parle des « Messieurs ». La chose est d’ailleurs valable dans bien d’autres sports : « Descente Messieurs », « 100 mètres Messieurs »… Mais là où, dans tous les autres cas, on lui oppose le mot « Dames », en football on parle des « Filles » : « L’équipe des Filles », « Les Filles de la délégation espagnole », « le camp de base des Filles », « Les Filles de la NATI », etc.
Les « Filles » sont le féminin des « Garçons ». Je n’ai jamais, mais alors jamais, entendu parler d’une « Descente Garçons » ou d’un « 110 mètres haies Garçons ». Si l’on veut parler des « Femmes », on leur opposera le terme « Hommes », mais si l’on parle « Messieurs », comme on le fait, on devrait avoir la politesse de le féminiser en « Mesdames » ou au moins « Dames ».
Serait-ce trop demander de suggérer aux journalistes et commentateurs de commencer à dire « Dames » plutôt que « Filles » ?
La chose est loin d’être anodine. Qu’est-ce que cela dit de notre regard sur ces sportives que de parler d’elles en termes de « Filles » lors même que les équivalents masculins – rigoureusement du même âge – sont appelés « Messieurs » ? A l’heure où l’hypersexualisation des mineurs est un problème au moins aussi grand que le regard pervers de certains adultes sur eux, le fait de parler de « filles » face à des « messieurs » me semble devoir être interpellé et corrigé au plus vite.
Vincent Lafargue, relayé sur Facebook le 18 juillet 2025
(Illustration libre de droits : pixabay)