Rupture de Voeux

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Dans le contexte actuel de révélations quasi hebdomadaires au sujet de prêtres-abuseurs, un flou se crée peu à peu sur ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire en termes de sanction, de justice de miséricorde.

Doit-on réengager un prêtre condamné pour viol sur mineur après qu’il a purgé sa peine de prison, par exemple ? Peut-on le réengager à un poste où il n’est pas en contact avec des enfants, pis-aller que l’on voit parfois ici et là ? Doit-on, au contraire, considérer qu’un prêtre, par l’exemple qu’il doit être pour la société, ne peut plus accomplir sa charge même s’il a purgé une peine de prison ?

Ces raisonnements commettent tous la même erreur : réduire la prêtrise à un métier, alors qu’il s’agit d’un état de vie vocationnel fondé sur des vœux sacrés, exactement comme époux ou épouse. Or tout prêtre commettant un abus sexuel rompt ses vœux, les vœux sacrés qu’il a prononcés lors de son ordination. Il ne fait pas « que » commettre un crime aux yeux de la loi, il se place d’emblée en-dehors du cadre de son état de vie, exactement comme un époux qui violerait quelqu’un se place non seulement en criminel aux yeux de la loi mais rompt ses vœux de mariage par rapport à son épouse. Cette dernière peut, certes, décider de lui pardonner… mais elle est également légitimée de demander la séparation.

Qui est l’épouse du prêtre ? C’est l’Eglise.

Quelle que soit la décision de la justice en regard de l’infraction pénale commise par l’un de ses prêtres, l’Eglise doit y ajouter une décision canonique face à cette rupture de vœux.

Tout comme pour l’épouse, l’Eglise peut mesurer l’opportunité de pardonner ou non. Mais c’est la hiérarchie romaine qui est seule juge en ce cas, et non l’évêque. Tout prêtre abuseur DOIT donc être dénoncé à Rome et l’évêque DOIT demander systématiquement que la congrégation romaine étudie l’opportunité du retour à l’état laïc de ce prêtre. Par ailleurs, tout évêque qui n’accomplit pas cette démarche pour l’un de ses prêtres abuseurs devrait lui-même être inquiété pour non-dénonciation de rupture de vœux.

Il me semble que les évêques le font assez systématiquement pour un prêtre qui rompt ses vœux en ayant une relation sexuelle avec une femme, surtout quand un enfant naît de cette relation… Le deux-poids-deux-mesures consistant à ne pas demander le retour à l’état laïc en cas de viol sur un enfant mais de le demander en cas de relation amenant à la naissance d’un enfant est non seulement inique mais de nature à provoquer l’incompréhension et le scandale dans le peuple de Dieu.

J’ajoute que le droit canonique, contrairement au droit de la plupart des pays, ne connaît pas de prescription. Que l’abus ait été commis il y 30 ans ou la semaine dernière ne change donc rien aux yeux de l’Eglise : il y a eu rupture des vœux sacrés que le prêtre a prononcés. Et cette rupture devrait être davantage prise en considération dans ces diverses affaires, à mon humble avis.

Ne serait-ce que par respect des victimes qui, elles, endurent une peine à vie… et par respect aussi de la multitude des autres prêtres qui, eux, respectent leurs vœux durant toute leur vie.

Vincent Lafargue, relayé sur Facebook le 11 juillet 2025

(Illustration : créée par openart-image)

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4 Responses

  1. Tout à fait d’accord
    Je souhaite que humainement les prêtres qui le désirent se marient tout en restant au service de l’Eglise et qu’ils continuent de vivre leur vocation

    La transition se fera en ordonnant des hommes mariés

  2. Parfaitement d’accord avec vous.
    Mais j’ajouterai que pour moi avec de tels actes criminels le retour à l’état laïc devrait être automatique, latae sententiae.

  3. Je suis tout a fait d’accord. Je pense aussi que l’on devrait donner le droit aux prêtres de se marier et de connaitre le bonheur d’avoir des enfants. Quant aux prêtres abuseurs, je pense que ce n’est pas inhérent aux prêtres, on l’entend aussi chez les laïcs et celà me parait être plus de l’ordre d’un désordre psychique en rupture corporelle, qu’il soit ou non prêtre et ce n’est pas excusable pour autant..

  4. Pour revenir à mon post précédent, je ne pense pas que ces déviances soient du fait qu’ils soient prêtres, c’est un désordre psy qu’il est urgent de prendre en charge.
    Cependant accorder le mariage aux prêtres pour qu’ils connaissent le bonheur d’une vie de famille, ne les empêchera pas d’être de parfait representant de Dieu et d’exercer leur « metier », mais c’est un autre debat. Certes ils ont rompu leurs voeux de chasteté, mais au dela de ça prêtre ou non ces actes doivent être dénoncés et condamnés . J’aimerai savoir d’où vient ce concept de voeux de chasteté, et du non mariage des prêtres est-ce inscrit quelque part dans la bible ? Les pasteurs se marient bien. Tout acte de deviance sexuelle sur autrui est condamnable prêtre ou laïc mais doit de toute façon être dénoncé.

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